Histoire d'Indevillers — Mairie d'Indevillers

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Mairie d'Indevillers
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Histoire d'Indevillers

Située entre frontières du XIIe au XVIII siècles, l'histoire de la commune d'Indevillers est singulière. Les influences sont diverses : Comte de Montjoie, Eveque de Bâle, Comte de Bourgogne, ... Le gros travail réalisé, à partir de nombreuses archives, fait apparaître que les gens d’Indevillers ont connu un destin différent de celui de la moyenne des villages français. Les historiens qui se sont intéressé à la sociologie ont fait état d’une modernisation lente et tardive des campagnes après 1880 seulement, alors qu’à Indevillers nous avons de multiples preuves d’une évolution vers la vie moderne plus précoce.

Merci tout particulièrement à Monsieur Guy Sichler, avec Monsieur Bernard Narbey, pour avoir rassemblé dans un livre tous les travaux de recherche sur l'histoire de notre commune d'Indevillers à partir d'archives.

Ce livre "d'une communauté frontalière dans l'Histoire" est disponible en mairie ...

 

CONQUERIR DES TERRES ARABLES


De tout temps, l’activité agricole a eu pour objet  de travailler la terre pour produire des aliments complétant, puis se substituant largement aux produits de la cueillette, de la chasse, de la pêche.

Au fur et à mesure de leur défrichement les parcelles sont devenues des lieudits. Après le recours au troc, le commerce à base d’argent et surtout les redevances, taxes et impôts qui devaient se payer en argent, amenèrent les agriculteurs à produire pour vendre une part du fruit de leur travail, pour se procurer la monnaie dont ils avaient besoin et ainsi permettre à ceux qui ne travaillaient pas la terre, par exemple les meuniers, de se procurer de la nourriture.
En montagne, où les cultures de céréales, de légumes, de fruits sont aléatoires et de peu de rendement, l’élevage est devenu progressivement la production principale et a permis assez tôt de vendre au loin,  dans les villes, des animaux gras, des fromages. Les habitants d’Indevillers, au cours des derniers siècles, ont connu une évolution proche de ce schéma général, pour autant que les quelques archives qu’il a été possible de consulter, nous permettent d’en connaître certaines étapes qui sont transcrites dans ce texte. L’étendue des forêts et la situation frontalière ont été par ailleurs des atouts pour la population.

 


DU XII AU XIV SCIECLE ; SERVAGE, ASCENCEMENTS, FRANCHISES ET DROITS D’USAGE.

 

Le peuplement initial de la région d’Indevillers n’a laissé des traces qu’à partir de la fin du XII sciècle, sous la forme d’une citation dans un texte pontifical. Les gens d’Indevillers, Montnoiron, Chauvilliers tout comme ceux de Montjoie, Glère, Vaufrey et Brémoncourt avaient alors pour seigneurs la famille des Giers-Monjoie, soutenus le plus souvent par les empereurs d’Autriche et parfois les rois de France. Ils imposaient leur justice et leurs prélèvements d’impôts particulièrement élevés. Le premier château de la seigneurie fut d’abord localisé bien en amont sur le Doubs par rapport à Montjoie et leur nom de Gliers leur vient de la localité de Glère. Puis ils ont étendu leur territoire, construit d’autres châteaux et commencé à affranchir certains de leurs sujets. Mais la majorité des habitants d’Indevillers, qui reste lourdement taxée, se compense avec des droits d’usages octroyés dans les forêts.   

 


DU XV au XVII SCIECLE : DEVASTATIONS ET CONQUETES DES TERRES AGRICOLES

 

Les dévastations commencent en 1445 quand les « Ecorcheurs » détruisent le château de Chauvilliers, se continuent durant la guerre de Bourgogne (1475-1479), se prolongent par les exactions de mercenaires démobilisés et culminent au XVII siècle par la guerre de Dix ans (1635-1645) et les deux conquêtes françaises de le Franche Comté. La population d’Indevillers est souvent obligée de fuir dans les forêts et les grottes à cause des passages de troupes sur son territoire. Après les dévastations il faut reconstituer les troupeaux, repeupler et reconstruire. C’est de cette période que datent les plus anciens actes notariés concernés et que les plus anciens patronymes connus.

 

DEUX LIEUX DE CULTE : L’ANCIENNE EGLISE ET LA CHAPELLE DE L’ERMITAGE.

L’éperon rocheux situé au sud du village a pu être un lieu fortifié et un lieu de culte très ancien. Une chapelle y est attestée dès le XIIe siècle. Ce n’est qu’au XVII siècle que l’on peut se faire une idée de l’église qui lui a succédé sur le même emplacement. Cet édifice a été plusieurs fois endommagé et réparé au cours de son existence. Un restauration récente a redonné au chœur son aspect initial. Par ailleurs, dans les côtes du Doubs des ermites étaient venus s’installer après les guerres du XVIIe siècle. Leur chapelle Ste Antide fut très fréquentée par les pèlerins. Leur rôle social se prolongea jusqu’à la Révolution.

 


ENTRE FORET, CHAMPS ET PATURES AUX XVIIe  ET XVIIIe SIECLES.

Les particuliers pouvaient largement se servir en bois dans la partie du communal appelée le Bois Banal. Car il en fallait de grandes quantités pour de multiples usages, à commencer par les barres entourant certaines parcelles pour les protéger des incursions du bétail, en continuant par tout le bois nécessaire à la construction et à l’entretien des maisons et au chauffage. La richesse forestière d’Indevillers dans la baronnie de Montjoie était un vrai capital pour les gens qui y avaient des droits d’usage. Par ailleurs l’élevage des bovins, des ovins et caprins et surtout des porcs se faisait à l’origine dans les forêts avant que ne se développent les pâtures puis les prés de fauche. Mais à partir du XVIIe siècle il fallut réglementer l’usage de ces deux espaces concurrentiels. Les troupeaux finirent par être le revenu le plus recherché, même par d’anciens verriers.

  


LA VIE DES GENS D’INDEVILLERS AU XVIIIe SIECLE.

La vie des habitants d’Indevillers à cette époque est radicalement différente de la nôtre mais aussi de celle de leurs contemporains d’au-delà des frontières qui bordaient leur finage à l’Ouest comme à l’Est et même de celle des « bourgeois de Monron » leurs voisins au Nord qui étaient affranchis depuis 1315 alors qu’eux restaient de condition servile, soumis à la mainmorte et aux dimes exorbitantes que les seigneurs veulent renforcer. Heureusement qu’ils avaient gardé pour eux de larges droits d’usages forestiers, malgré les tentatives des seigneurs de les diminuer. 

     

   
LE CHATEAU DE CHAUVILLIERS AUX XVIIe ET XVIIIe SIECLES.

Une étroite bande de terres orientées Est-Ouset, relie au promontoire dominant Indevillers, les finages du Clos du Doubs (Soubey, Epiquerez et Epauvillers) par le col du Chauffour. La partie Ouest de ce territoire est un cas particulier à plus d’un titre. Elle a appartenu, durant la plus grande partie du Moyen Age et des Temps Modernes, au Prince Evêque de Bâle, en tant qu’annexe de la Prévôté de Saint Ursanne. Le château médiéval de Chauvilliers qui y fut construit, est cité dans les textes à partir du XIIe siècle ; à son pied s’est développé un petit bourg rural, dont les habitants ont été échangés en 1780 contre ceux de la Malnuit dans le cadre d’un échange de souveraineté entre le roi de France Louis XVI, le comte de Montjoie et le Prince Evêque de Bâle Frédéric de Wangen.

 


LES ANNEES NOIRES DE LA REVOLUTION ET DE L’EMPIRE

L’avènement de la Révolution met fin aux espoirs de ceux qui tentaient d’entrer dans la noblesse mais pour tous les autres il est signe d’espoir, par la présence rassurante à Indevillers du curé ROYCOMTE. Après les décrets créant en France les départements en tenant compte, autant que possible des limites anciennes, les villages de l’ex seigneurie de Montjoie qui depuis 1648 étaient rattachés à l’Alsace, demandèrent, le 18 mars 1790, à être rattachés au Doubs. C’est à cette occasion qu’Indevillers devint durant quelques années, chef-lieu d’un canton composé de six municipalités rattachées au district de Saint Hippolyte. Ce dernier comportait alors 30.360 habitants dont 1.859 pour le canton d’Indevillers. Les habituels problèmes d’un changement de régime n’ont pas épargné les habitants d’Indevillers.

 

LES PRETRES ET LE SENTIMENT RELIGIEUX AU XIXe SIECLE

La religiosité des habitants est restée forte dans les campagnes en dépit des efforts de déchristianisation de la Révolution. Les prêtres qui ont entretenu la vitalité de cette foi ont été principalement à Indevillers : Alexis ROYCOMTE,  l’abbé QUERRY, le chanoine Célestin FAIVRE et son cousin l’abbé Eugène FAIVRE, l’abbé LYET. Mais s’ils sont entrés dans l’histoire, c’est surtout pour avoir joué un rôle social et politique, ou pour avoir su gérer la construction de la nouvelle église. Ont-ils pour autant pu aider les indigents comme l’église le faisait du temps de l’ancien régime ?

 

TRANSFORMATIONS DE L’AGRICULTURE AU XIXe SIECLE

A la suite de la période révolutionnaire, le Conseil d’Indevillers règlementa l’usage des communaux dans un sens plutôt égalitaire, en accordant aux plus pauvres un accès préservé aux pâtures. Ce règlement donna satisfaction et resta en usage pendant plus d’un demi-siècle. Pourtant, tout au long du XIXe siècle, les communaux, forêts et pâturages, furent au centre des préoccupations des gens. On voulait savoir s’ils appartenaient à la commune, à l’Etat aux Montjoie en exils,  descendants des anciens propriétaires, ou encore à leurs créanciers. Ensuite il fallut fixer les règles de leur exploitation rationnelle. Tout cela ne se fit pas sans tensions et rancœurs, mais contribua à l’évolution du village vers la modernité. 

 


LES ACTIVITES NON AGRICOLES ET LES BATIMENTS PUBLICS

La richesse d’une commune au XIXe siècle dépendait du nombre de ses habitants en âge de travailler et des ressources de son territoire. Pour Indevillers, le milieu du siècle peut être considéré comme son âge d’or, puisqu’un pic démographique a été enregistré et que la force motrice du bief de Fuesse faisait tourner alors de nombreux rouages. Sans parler de l’exploitation forestière, de l’élevage, de l’artisanat et du commerce qui se développaient. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, l’aspect du village se modifie par la construction, encouragée par le Préfet, de plusieurs bâtiments publics tels qu’une école pour les garçons et les filles, une caserne de gendarmerie, un bureau de Postes et Télégraphe, et trois presbytères successifs ! La population s’élevait alors à 950 personnes mais sa phase de croissance allait prendre fin avec l’exode rural.

 


INDEVILLERS VU PAR DES ARTISTES A LA FIN DU XIXe SIECLE

Du 7 au 12 juillet 1867 les cadets de l’Ecole Militaire de Neuchâtel ont entrepris une « course scolaire » qui les a menés en plusieurs étapes faites à pied, jusqu’à Indevillers. Leur professeur A. BACHELIN, connu par ailleurs comme un talentueux artiste peintre, a publié après cette expédition, un récit pittoresque illustré de ses dessins faits à partir de photos. Trois ans plus tard, la guerre de 1870/71 ne semble pas avoir laissé de mauvais souvenirs à Indevillers hormis une liste de mobilisables un temps affichée à la mairie. Par contre la période 1880 à 1914 appelée généralement « La Belle Epoque » est illustrée à Indevillers par un homme, photographe et éditeur de cartes postales dont de rares exemplaires figurent aujourd’hui dans des collections particulières. Pierre CHOULET, lorsqu’il était maire, a fait adopter par la municipalité, la dénomination de « Rue Albert FAIVRE » pour une des voies est-ouest de la localité pour honorer sa mémoire.  En réalité son père, Léon  et un compatriote, Ulysse FROSSARD, avaient déjà avant lui, réalisé des clichés de leur village.

 


LES DRAMES DES GUERRES DE 14/18 ET DE 39/45

La guerre de 1914-18 est restée gravée dans les mémoires et bien des récits y font aujourd’hui encore allusion. A Indevillers les souvenirs les plus marquants sont ceux du départ à pied des hommes mobilisés, ceux des annonces de décès de certains d’entre eux dont les noms sont maintenant sur le monument aux morts. La famille PHILIPONET a, plus que les autres, maintenu vivant le souvenir de ses traumatismes car à cause la guerre c’est toute l’activité de la forge de Fuesse qui a périclité. Vingt-cinq ans après, un autre conflit éclate principalement à cause des tensions entre la France et l’Allemagne. Pour les habitants d’Indevillers les deux guerres se sont déroulées de manière totalement différente. Celle de 1914-1918 n’a pas touché le village mais un fort contingent de ses soldats y a laissé la vie ce qui n’a pas manqué de traumatiser les habitants. Celle de 1939-1945 s’est déroulée en partie autour du village et a été suivie d’une occupation douloureuse.

 


LA SITUATION AU XXe SIECLE ET AU DEBUT DU XXIe SIECLE

L’agriculture et la société en général ont été profondément modifiés par le développement de la motorisation, de l’énergie électrique, facilitant le travail et les déplacements vers les lieux de travail, ainsi que par les progrès de la chimie et des sciences biologiques puis par l’informatique qui ont a été intégré dans les exploitations agricoles, comme dans le reste de la société et dans les autres activités économiques. Le temps des foins a été totalement transformé, tout en restant dépendant, comme aux siècles précédents de la météo. La faux a été abandonnée pour la faucheuse tirée par deux chevaux, puis  pour le tracteur avec la barre de coupe, enfin pour la faucheuse rotative. La voiture à échelle a disparu pour laisser place aux plateformes à pneu, aux auto-chargeuses, aux remorques. Après le chargement à la fourche et l’arrangement à la main des fourchées de foin, après les râteleuses, les râteaux-fanes, les presses-ramasseuses ou les auto-chargeuses, les presses à balles rondes et les fourches frontales, le séchage en grange.
Le déclin démographique observé depuis le milieu du XIXe siècle a bien sûr entraîné sur place la fermeture progressive des services tels que la gendarmerie, la douane, la poste, le commerce de proximité, le curé au village et enfin les cafés-restaurants. Mais il a été stoppé. Une fois encore, la proximité de la frontière et des villes horlogères suisses en dépit d’un accès saisonnièrement difficile, a joué en faveur d’Indevillers en permettant à de nombreux travailleurs « pendulaires » de continuer à vivre au pays, favorisés par les salaires suisses plus élevés et par des taux de change attractifs entre les deux pays.
A ce jour, on compte 10 exploitations agricoles, contre plus de 30 au sortir de la Seconde Guerre Mondiale.

Ce long cheminement, précis et parfaitement documenté, de dix siècles de l’aventure d’Indevillers, nous confirme, à nous aujourd’hui, notre rôle - bien modeste et utile - dans l’histoire.
Nous nous situons, en 2013 à Indevillers, dans un long cheminement de la vie d’une commune avec tout ce que nous avons reçu de ceux qui nous ont précédés.
Nous sommes conscients de notre responsabilité d’aujourd’hui à gérer le présent et à préparer le futur…